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Le Pegging et le plongeon de l’autre côté du miroir (2/5) : Vers une relation plus égalitaire (et voire plus si affinités)
Yvresse parle :
Nous l’avons longuement dit dans notre livre, mais un corps de femme orné d’un gode ceinture est une représentation très érotique pour l’homme. Or, en tant que femme, nous avons souvent un peu de mal à l’admettre car nous ne comprenons pas forcément le poids de la symbolique pour notre partenaire de jeux ; le fait qu’il se trouve confronter à son propre sexe, souvent avec des mensurations plus redoutables, l’oblige à partager voire céder complètement sa place.
La vérité, c’est que je ne sais pas ce que vivre en tant qu’homme signifie. Je ne sais pas non plus ce que « bander » signifie même si mon gode ceinture essaie de faire croire le contraire. Et si je prends conscience du pouvoir que j’ai gagné, je le dois presque plus à l’attitude que l’homme révèle à mon égard et à ce qu’il attend de moi que ce que je croyais savoir. Peut-être y a-t-il des femmes qui le vivent spontanément ? Ce n’est pas mon cas. Et l’homme lui-même dans sa vision fantasmatique des choses tend à oublier que cette érection que nous exhibons ne provient pas d’un processus interne ou d’une montée de notre excitation mais juste d’un artifice qui ne nous donne aucune véritable sensation.
Son fantasme est tel qu’il imagine que, de l’autre côté du miroir, nous avons rejoint sa réalité d’homme.
Pour autant, ce gode-ceinture me fait effectivement basculer de l’autre côté du miroir en même temps que mon homme. Ce dernier attend de moi que je ne me comporte pas pareille tout comme je découvre en moi des émotions un peu étranges. J’ai effectivement envie que cet homme me confie son petit cul… J’ai envie de devenir l’initiatrice d’une nouvelle forme de plaisir. J’ai envie d’imprimer sur son corps cet étrange mouvement de pénétration que je ne suis pas censée connaître.
Donc je commence à avoir accès à des pensées d’hommes.
En tant que femme, le pegging nous fait effectivement basculer de l’autre côté du miroir. Avec ce nouveau phallus qui orne notre corps, nous sommes en position de « prendre » le corps de l’homme. Fondamentalement, cela change beaucoup de choses psychologiquement. Cela veut dire qu’il doit s’offrir à nous (et nous somme libre de l’accepter ou non, et c’est là l’un des plus puissants pouvoirs que nous gagnions alors que celui de lui dire non ou d’exiger des contreparties pour accéder à sa requête) ou que nous devions aller le chercher (et auquel cas on réclame une forme de soumission de l’homme). On devint en quelque sorte une chasseuse et l’homme une proie.
Prendre possession du corps de l’autre constitue une petite révolution. Même si je n’éprouve pas de plaisir physiologique à le faire, je ressens très fort les implications de cet acte, parce qu’il s’inscrit contre ce que j’ai toujours vécu et contre l’apprentissage que j’ai fait de ma sexualité. J’aime le contrôle que je gagne sur l’homme. Je peux jouer avec ses désirs d’être plus ou moins fort pénétrer, je peux l’initier comme je l’entends à ce nouveau plaisir, je peux choisir mon rôle soit en tant que complice amoureuse ou soit de dominatrice.
Bizarrement, il y a soudain comme une victoire à pratiquer le pegging. Le monde dans lequel on vit ne fait pas de cadeau aux femmes. Et même si la pression des médias semblent accélérer la donne, on reste quand même très loin du compte. Je vous demande d’ouvrir les yeux sur ce qui passe ailleurs que dans les pays occidentaux ou scandinaves. On parle d’un monde où des femmes se font encore violer et où elles sont fréquemment rejetées suite à cette agression par leur mari ou leur famille. On parle d’un monde où il est normal qu’un homme dispose parfois de plusieurs femmes, où il peut choisir une femme plus jeune que lui sans qu’elle n’ait son mot à dire. On parle d’un monde où la famille de la femme apporte une dote, où des femmes se font lyncher en publique quand elle vive une relation adultère (sans que l’homme ne vive la même chose), où on mutile les clitoris des petites filles, où disposer de son corps via la contraception ou l’IVG est un crime, où la prostitution est un mal nécessaire pour qu’elles puissent parfois vivre, où elles sont parfois vendues comme esclaves sexuelles etc. Donc la pratique du pegging va permettre, pour certaines femmes, de remettre les pendules à l’heure et de régler possiblement quelque compte…
Bien sûr que l’homme qui est en face de moi n’y est peut-être pas pour grand-chose. Mais il est étrangement disposé à en payer le prix. Si j’ai envie de lui claquer les fesses, il ne dit pas non. Si j’ai envie de le faire ramper devant moi, pareil. Encore aujourd’hui, je trouve étrange ce pouvoir que j’acquiers sur l’homme avec mon gode-ceinture. Et ce n’est pas tant d’être en mesure de fixer mes ordres que de découvrir mon chéri y accéder de bonnes grâces qui me surprend. Je découvre que lui aussi a envie d’explorer des facettes de sa personnalité que je ne connaissais pas forcément. Et de ce fait, cela m’autorise d’autant plus à creuser en moi des facettes qu’il me plaisait d’ignorer.
Merci de vos éventuels compléments ou réflexions sur le sujet.
Tags : pegging, réflexion érotique, de l'autre côté du miroir
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Commentaires
1Elrik53Mardi 10 Juillet 2018 à 09:30C'est aussi pour ma part une façon de donner les rênes du pouvoir.je suis d un tempérament très autoritaire et dans ces jeux m'offrir totalement est aussi une manière d'équilibrer les choses.RépondreJe crois en toute honnêteté qu'une femme ne peut pas "dominer" un homme s'il ne le souhaite pas. Bien sûr, elle peut avoir une monnaie d'échange autour de son désir, avoir un ascendant psychologique, mais, parfois, même en le dominant, elle se soumet à son désir de se soumettre.
Mais c'est aussi important de rentrer dans la peau de l'autre sous cette dimension, comme tu le signales.
Songe
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