• Témoignage: La sexualité reconstructrice

    Bonjour à tous,

     

    Aujourd’hui, on va présenter quelque chose d’un peu à part. Il s’agit d’un témoignage mais… pas seulement, comme vous le verrez. Il va aborder la question du pegging, mais de manière indirecte. En fait, cela parlera de sexualité plus générale mais également comment la psychologie peut influer sur elle, voire la perturber. Et puis, il va également être question de cage de chasteté pour homme, un sujet que nous ne connaissons pas vraiment, parce qu’elle ne fait pas partie de nos accessoires de jeux, du moins pas pour l’instant.

    Je tiens à remercier Chambélien pour cette contribution, même si nous ne cautionnons pas forcément la totalité de son propos, car il a été très patient et à l’écoute de mes remarques. En effet, à travers son témoignage, j’ai souhaité qu’il nous parle un peu plus de son travail et élargisse son propos. Il est possible que vous ne vous y retrouviez pas ou que vous soyez intrigué… C'est aussi un article qui peut faire réfléchir et être sujet à débat comme vous pourrez vous en rendre compte.

     

    Songe

     

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    Bonjour à tous,

     

    Quelques mots pour me présenter. Chambélien. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai découvert ce blog un peu par hasard en découvrant ce que font Songe propose sur tumblr et bdsmlr. Et nous avons commencé à discuter. Suite à ça, il  m’a demandé de vous présenter des approches que j’ai développées à titre professionnel. Je dois dire que j’ai pas trop l’habitude de parler de ce que je fais. On va dire que je suis coach en développement personnel.

     

    Je vous vois sourire… Oui, je sais, ça veut pas dire grand-chose, mais voilà, j’ai pas complètement choisi de l’être. En effet, j’ai développé très tôt des dons de magnétiseurs. De fil en aiguille, à force d’avoir des gens qui venaient me voir pour que je les aide, j’ai été confronté à des situations où il a fallu apporter des réponses qui dépassaient ces dons… Donc j’ai développé ma propre boite à outils…

     

    1-   Le recours à un monde irrationnel pour expliquer notre être et, à travers lui, sexualité ?

    Songe m’a demandé de vous présenter en quoi consistait mon approche. Pas facile pour moi de vous expliquer… mais je vais essayer. Dans ma boîte à outils j’utilise principalement :

    *Les Massages : par exemple, je les utilise pour travailler l’approche consciente que nous pouvons avoir du corps mais également des échanges d’énergies entre les acteurs de ce massage (receveur et donnant). Souvent les massages sont effectués de manière codifiée, mécanique et sans l’intention, et plus encore, sans la conscience de ce qui s’échange vraiment et d’où viennent les tensions, et de ce que doit apporter le massage pour cette personne-là et pas une autre...

     

    Bref, il s’agit d’un travail plus global, personnalisé et, je me répète, conscient. Ceci me permet de mieux me connecter avec les personnes avec qui je travaille, car mon approche repose beaucoup sur la confiance.

    *La Philosophie tantrique : On peut s’en rapprocher, oui ! Loin des visions fantasmées d’orgies et jouissances à foison, le tantra se veut une découverte de soi, aller regarder en soi nos blocages, limitations, peurs… sans devoir à tout prix les dépasser mais au moins avoir conscience que nos actes, agissements peuvent venir de nos croyances en ci ou ça et que ça nous a également permis de nous développer jusque là où nous en sommes actuellement.

    Nous sentons parfois ces envies d’explorer, d’aller visiter, expérimenter mais... avec qui ? Comment ? Pourquoi ? Je dirais que le tantra permet cela, d’aller voir les choses en conscience, raisonnablement, dans un cadre sécurisé et respectueux de qui nous sommes, avec la possibilité d’arrêter si bon nous semble ! Le Respect de soi, voilà le concept clé.

    Disons qu’avec mon magnétisme, je sens très fort les zones fermées, ce qu’on appelle les chakras. Et souvent, pour ne pas dire toujours, les blocages que je sens dans le corps trouvent les racines dans l’émotionnel, ces émotions non digérées vont se mettre à créer en nous des déséquilibres divers. C’est là où j’exerce mon travail de coach.

    Les chakras, au nombre de sept (principaux) et une multitude de secondaires permettent la circulation de l’énergie dans le corps humain. Si on prend l’exemple d’une émotion, elle va entrer en nous et, selon son importance, son impact aura des répercussions physiques différentes selon les gens ; l’énergie sera bloquée (ventre barbouillé, voix bloquée, cauchemars, plus d’appétit…). Le message contient une information et l’énergie de ce message va avoir une influence sur notre organisme.

     

    Un magnétiseur, pour moi est capable d’aller chercher et dénouer ce blocage pour que l’énergie retrouve sa fluidité de circulation (notre bien-être) dans les 7 chakras qui nous constituent. Pour les curieux, en voici une présentation succincte.

    - Le premier nous ancre à la terre, situé sous le périnée, de couleur rouge

    - Le second nous ouvre à notre conscience (sexuelle, plaisir personnel) niveau sexuel.

    - pour le 3eme, il nous relie aux autres. De couleur jaune, c’est également le lieu du siège de notre énergie primordiale (hara)

    - le quatrième, niveau du cœur, nous apporte l’amour pour nous même et les autres, pouvoir ressentir que je m’aime, je me respecte, il est de couleur verte

    - La gorge est le siège du cinquième chakra, de couleur bleu. Il permet d’exprimer tout ce ressenti accumulé, les non-dits, les mots, maux refoulés, non assumés, pas osés et qui nous polluent, nous limitent ou nous encombrent

    - Le troisième œil, situé un peu au-dessus du  milieu des sourcil nous permet la vision à distance, la prévision, l’intuition, gérer, anticiper.. C’est là que ça se passe, la couleur de ce centre est le violet/indigo

    - Au sommet du crâne, nous allons trouver le 7eme et dernier chakra, de couleur blanc lumineux qui nous relie au céleste où se situe notre « pot-en-ciel » :)

    Il ne va pas sans dire que c’est particulièrement au second qui va nous intéresser ici.

     

    *Les Jeux de Domination/Soumission : Cela fait parte des boîtes à outils que j’ai finies par trouver. Autant aussi avouer que c’est un domaine qui m’intéresse, parce que je suis moi-même très Dominant. J’utilise leurs principes pour parfois déstabiliser la personne en face de moi ou la mettre en mouvement et la confronter à ses désirs ou peurs, comprendre l’émotion en elle, que ce soit un rejet ou une envie ! 

      

    Imaginez-vous fort, puissant, dominant et devoir montrer toute votre vulnérabilité à une femme et qu’elle puisse s’en jouer à sa guise… Qu’est-ce que cela vous procurerait ? Pourquoi ? Où pourrait se trouver le bien-être ? Qu’est-ce que cela vous apprendrait sur vous-même ? Ou à l’inverse, vous êtes une femme peu assurée, on vous « offre » un mâle attaché et rendu inoffensif, dont vous pourriez abuser ou humilier selon votre fantaisie ? Quelle est l’émotion que vous ressentez ? Est-elle positive ou négative ? Y a-t-il un peu de rage d’avoir souvent été brimée ? Le plaisir sadique de pouvoir se venger ? Ha ! Y aurait-il une colère cachée, avec tout ce qu’on dit sur ces hommes qui abusent ou harcèlent toutes ces femmes autour de nous ? L’aviez-vous conscientisée?

      

    Voilà, en gros, mes outils… Et mon travail souvent tournent autour de cela : comprendre que nous pouvons exprimer, partager, en confiance et dans le respect de soi et que, surtout, tout ça peut être libérateur de se voir tel qu’on veut être. Ainsi, beaucoup de personnes vont se croire en état de faiblesse d’avouer à l’autre leurs secrets, alors que cela peut être une source de confiance et de courage énorme!

     Mais ce n’est pas forcément le but de mon intervention. Si Songe m’a demandé de venir témoigner, c’est pour parler de deux personnes que j’ai ainsi accompagnées. Pour tout vous dire, il s’agit de deux femmes.

     

    2-   Le possible rôle structurant de la cage de chasteté dans la psychologie féminine

    La première d’entre elles était venue me voir pour effacer ou tenter d’effacer un traumatisme qui persistait malgré les thérapies brèves, le psy, les médicaments.... En fait, il n’y avait pas besoin d’être très savant pour le deviner : elle aurait été jolie mais… fanée, timide, renfermée, habillée de gris, rien d’accrocheur.

    J’ai très vite diagnostiqué un blocage  qui correspondait au 2ème chakra, celui lié à la confiance en soi, chaque chakra, au nombre de sept correspond à une émotion, un  ou plusieurs organes. Ce qui signifie  un problème d’une estime de soi diminuée, voire bloquée entraînant tout ce qui va avec, allant de l’infection urinaire au déni de soi.  En creusant un peu son passé, elle m’a assez vite confié sa douleur, parfois les mots sont inutiles, le blocage est tellement gros, le souvenir tellement présent qu’un magnétiseur arrive à « voir ou à deviner » la scène et la raison qui pousse une personne à consulter… Tout venait d’un terrible viol…  Il y a avait donc quelque chose de cassé en elle à l’égard des hommes. Une part de terreur montait en elle-même y compris ceux avec qui elle se sentait bien et avec qui elle aurait voulu vivre.

      

    Or, il se trouve qu’elle était très attachée avec l’homme qui partageait sa vie…  Il n’était pas au courant de sa venue. En fait, il n’aurait pas été très à l’aise à l’idée qu’elle se confie sur sa vie privée... Mais vu l’amour qui les unissait, il savait qu’elle verrait quelqu’un mais sans vouloir en savoir plus. 

     

     

    Avec cette jeune femme nous avons travaillé à réguler ses centres énergétiques pour l’aider à retrouver une cohérence entre émotions et raison, conscience et douleur, afin de pouvoir dépasser cet événement traumatisant. Cette approche a ainsi permis de travailler une partie des blocages mais je dois admettre qu'il restait le vrai sujet de sa visite. En effet, je comprends qu’elle aime son homme, elle l’aimait avant et l’aime encore, y a juste un souci au niveau sexuel... En fait, plus exactement, on arrive à voir que le sexe masculin est un souci et que si il n’était pas là… ce serait parfait.

    Alors, je tente un peu le tout pour le tout et lui dis : «Si tu avais la clé de son oiseau, si tu pouvais toi-même décider de quand, comment et pourquoi tu le libérerais, ça t’irait?» Derrière la question, j’ai bien sûr l'idée de la cage de chasteté (*)… Je lui explique son principe et lui en montre une. En fait, je vois cette option comme un possible déclencheur de toutes les clés que ses thérapies passées et mon travail sur ses rééquilibrages émotionnelles ont pu lui apporter. 

    (*) :Note de Songe: Attention, l'utilisation prolongée d'une cage de chasteté comporte des risques pour l'homme, nous vous invitons à vous renseigner dessus et à prendre connaissance des règles d'hygiène qui entoure cette pratique. D'autre part, dans le cadre de notre blog, nous souhaitons présenter son cadre d'utilisation uniquement sous un angle ludique. Pour toute autre utilisation, il existe des sites spécifiquement dédiés au BDSM et aux relations D/s qui vous guideront mieux que nous).  

    Elle me répond par l’affirmative, étonnée mais partante pour l’essai. Je la laisse amener le sujet sur la table avec son homme, ils s’aiment et se font confiance… Je lui dis qu’elle a le droit de trouver son confort, que ça pourrait être une source de jeux également, elle pourrait amener cela de la manière qu’elle souhaite... en avoir parlé à une amie dans le même cas, ou que cela soit sorti pendant sa séance de soin..

     

    Son homme était plutôt à son écoute, ce qui a facilité la chose, quand on a la confiance dans le couple, les mots peuvent sortir plus facilement sans la peur d’être rejetée, elle  s’est donc confiée à lui. Il s’est juste dit que s’il pouvait regagner la confiance et aider sa femme à se reconstruire... évidemment qu’il accepterait l’idée pour elle.

    Je n’ai pas plus de détails que ça mais... Je l’ai revue une fois, par hasard en ville. Vêtue d’une jupe et talons, féminine, radieuse au bras d’un homme  qui la faisait rire. Elle me voit, vient vers moi et me dit merci puis en partant me lâche un « j’ai la clef ».

        

     Bien sûr, mon propos n'est pas de dire que la cage de chasteté est à préconiser pour toutes les femmes violées pour qu'elles puissent accepter d'avoir une relation sexuelle avec un homme qui leur permette de surmonter leur peur. En l’occurrence, elle a été un déclic pour cette femme de tout ce qui avait été fait en amont.

    J'aimerais vous parler d’un second cas, qui, lui, a un rapport plus direct avec le propos du site…

     

    3-   Le possible rôle structurant du gode ceinture dans l'acceptation du corps...

    Il faut dire que je fais des ateliers de massages tantrique, réapprendre à chacun que le corps peut être « contacté », parfois juste pour être touché, pas forcément à visée sexuelle, qu’un homme qui ne bande pas peut être amoureux et trouver belle la femme qu’il a en face de lui ! On utilise aussi des jouets de temps à autre pour leur côté symbolique, les ateliers pratiques se pratiquent en général à la maison:) . Le but, généralement, est de se dépasser, d’aller voir en soi et, dans une démarche avec l’autre, de chercher nos blocages, peurs, timidités, envies non assumées, inassouvies… pour finalement devenir qui ont veut être !

    Un jour, j’ai eu une participante pour qui son bassin, son sexe, encore une fois, la confiance en soi était...partie, fermée, inexistante. Cela se manifeste par une difficulté de lâcher prise et de jouir, ce qui arrive généralement quand nous n’avons pas la tête libre pour profiter pleinement du plaisir que veut nous donner l’autre. Généralement, cela se traduit par de la fatigue, un énervement, de la tristesse ou une colère subite.  Ici, il y avait quelque chose d’autre, mais je n’arrivais pas à cerner…. Une peur indicible… peut-être la peur d’assumer ses envies… Comme si, habituée depuis l’enfance à se taire et à devoir se tenir droite, elle devait rentrer son ventre, parce que le sexe est sale et tabou… vous connaissez certainement la messe... Il est difficile d’imaginer comment des messages implicites et des postures dictées peuvent nous conditionner…

     

    La confiance en soi se manifeste dans ce foyer de conscience, comme on l’a vu plus haut dans mon descriptif sommaire des chakras, et nombres de soucis d’estime de soi engendrent des déséquilibres au niveau sexuel : absence de désir ou, au contraire, activité débridée, exagérée… L’idée là encore est de ramener une sérénité pour soi.

    En fait, pour casser tout ça, j’en arrive au fait que je dois l’aider à se projeter sur les hommes, à reconnaître que la femme est forte, qu’elle peut être bien plus forte qu’un homme… ou en tout cas qu’elle peut se voir ELLE, comme une femme forte.. Oui, mais comment lui apporter cette expérience ? En riant un peu, par exemple, je lui dis qu’au niveau des orgasmes, ou de la « virilité », il faut bien reconnaître qu’une femme peut tenir plus longtemps … Elle rit de cet exemple. Je commence à tester cette voie avec elle et j’ai de plus en plus la certitude que cela pourrait fonctionner.

     

    Dans mon travail, j’ai l’habitude de tester, de sortir des démarches conventionnelles et c’est un peu pourquoi on vient me voir. Tout n’est pas toujours rationnel, je ressens des choses. Pour elle, je me dis qu’il faudrait lui faire porter un gode-ceinture. Y a rien de scientifique, mais ça ne coûte rien, en quelque sorte, d’essayer.

    Je l’avais initiée au massage tantra, la nudité, la confiance et complicité de cette pratique m’ont permis de lui parler ouvertement de gode ceinture, je lui ai demandé ce que cela lui ferait de prendre le pouvoir, d’être celle qui pénétrait, ce que ça lui ferait d’imaginer cela… Timide mais les yeux brillants tout de même elle m’avoue avoir eu envie de posséder ce sexe d’homme dans ses rêves… de rire de cela avec ses copines… 

      

    Faut dire que j’avais pris les devants et que j’avais acheté le matériel (c’est quelque chose que je fais systématiquement parce que visualiser les objets permet à la personne que j’accompagne de mieux se représenter la dimension symbolique de l’objet et du rôle qu'il peut avoir sur elle). Donc je sors le gode-ceinture et lui montre en lui expliquant qu’elle doit le porter sur elle pour voir ce que ça lui ferait d’être un homme, ou, en tout cas, d’avoir cette part externe sur elle, ce fameux phallus. Elle reste un tant soit peu médusée par la proposition mais… dans le cadre du travail, du soin, de la découverte... elle accepte le jeu. Une fois enfilé, elle baisse la tête et découvre cet appendice qui pend devant elle, me regarde étonnée… Et moi-même, je la regarde avec un certain trouble…

     

    4-   …et le rôle déstructurant du gode ceinture sur l’homme que je suis qui m’a conduit vers une expérience qui a fini par me dépasser.

    Comme je suis d'un profil très dominant, j'ai par nature de forte résistance à lâcher prise et à accepter que je puisse me soumettre à quiconque. Sauf que là, le trouble qui m'envahit me fait envisager l'impossible. En effet, quand je la vois devant moi, j’ai dans la tête tous les clichés qui reviennent (je suis pas un pédé, c’est sale, je vais me dévaluer, dénigrer, déviant… pas naturel toussa toussa) puis… sauf qu'à cet instant, en contemplant cette femme avec cette virilité sur elle, je sens mes résistances baisser une à une… 

    Pour tout vous dire, avec le gode ceinture et moi, il y avait un truc qui se passait, qui me perturbait. Comme je l’ai déjà dit, je suis un dominant, mais… cela commençait aussi à être un fantasme pour moi… Mais le genre avec lequel on n’est pas à l’aise parce qu’il nous place face à ce qu’on ne veut pas être. Et moi, j’étais pas prêt à me soumettre ou à céder le contrôle. C’est très ancré en moi. Mais le pegging bousculait toutes ces idées dans ma tête. Bref, j’avais jamais testé pour moi, mais la chose me turlupinait quelque peu… Donc quand je lui en parle, je ne le fais pas forcément comme j’ai l’habitude de le faire parce que je suis moi-même troublé par ce que je lui demande… 

    J’ignore si elle devine tout ça mais elle me lance : « J’avais jamais vu ça comme ça mais d’un coup, je me demande où je peux bien le mettre ? » Je devine comme une invitation, mais je reprends le contrôle en lui expliquant le but de la démarche et ce que j'attends d'elle. Je veux qu’elle imagine que ce ne soit plus elle qui reçoit, qui accueille et accepte mais que, pour la première fois, elle peut devancer l’autre, limite imposer son envie… Je sens que tout ça l’intéresse et qu’elle est finalement très réceptive. Seulement, elle revient sur sa question : «  et encore une fois, je me demande ou le mettre? » En me regardant d’un œil…  j’ai pas encore défini le genre de regard que c’était, un mélange d’excitation, d’envie, de joie, de désir ou de peur mêlée. Je crois que nous savions tous les deux que la situation pouvait dégénérer et je pense qu’on en avait envie. 

    Au delà de cette question, il y avait un problème qui est vite apparu. Porter un gode ceinture est une chose mais pouvoir l'utiliser dans la logique que j'avais évoquée impliquait d'avoir un partenaire. Or, une telle chose nécessite d'avoir à la fois une personne de confiance et réceptive. Et elle n'avait personne avec qui l'envisager. Et puis, elle me demande, si j'étais cet homme, comment je la verrais et si à ses yeux elle resterait toujours une femme. En guise de réponse, je lui ai demandé si elle me verrait toujours comme un homme, si j'étais l'homme qui l'acceptait. Elle me répond par l’affirmative, ajoutant qu’il faut un peu de courage sans doute pour un  homme d’aller dans cette voie. Je lui dis qu’il en faut tout autant pour une femme de se voir en femme phallique. 

    Je vous avoue que j'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais dû faire. J'aurais dû l'aider pouvoir en parler avec un homme, essayer de l'aider à vivre cette scène mentalement. J'ai commencé, mais le fait est qu'au bout d'un moment, devant les difficultés qu'elle soulevait à chaque fois, je me suis proposé... Et là, elle m'a rétorque mieux comprendre  « où elle devait le mettre ». On a beaucoup ri... C'était certainement pour nous une façon d'évacuer notre nervosité et le trouble qui nous avait envahi.

    Alors, on en a discuté, on a redéfini les limites, dessiné le cadre dans lequel cela devait se faire, de la conscience à y mettre… Dans le cas présent, elle est devenue mon coach autant que j'étais le sien, car j'étais comme elle dans l'inconnu. Pour être clair, je n'étais plus dans ce rôle et j'étais fasciné par cette femme qui allait se révéler autre devant moi. Je relate assez vite ces expériences mais… il a fallu plusieurs semaines pour en arriver là autant pour elle que moi (peut-être plus pour moi, en fait!). De discussions en échanges… Il était clair que nous devions le faire ensemble pour que cela marche. Elle a très bien compris que, moi aussi, j’étais en phase exploratoire sur ma personne… que je ne lui avais pas proposé quelque chose d'anodin et qu'on était dans la même barque, si je puis dire.

      

    Puis, le jour J est arrivé…. Nous sommes nus, après un massage réciproque elle se lève, me laisse sur le dos et enfile son membre… je me retourne un peu pour voir l’ensemble… magnifique, un peu impressionnant… je reste dans le bien-être du massage, excité tout de même... elle m’avoue l’être aussi comme il y a longtemps qu’elle ne l’avait été. Se faire pénétrer, se détendre, la sentir pousser derrière moi et bander comme jamais à cette idée. On l’a fait. Et cela s’est passé de manière naturelle et presque extraordinaire. On était comment dire… vraiment connectés l’un à l’autre mais d’une manière totalement différente. Je n’avais jamais rien vécu de pareil. Vraiment, je m’abandonnais à elle, à sa volonté. Je découvrais la puissance des mouvements d’un autre en moi, dans mon propre corps. Vraiment, pour un dominant comme moi, je découvrais un nouveau monde… un monde de certitude vacillait.

     

    En fait, elle a joui rapidement, plus rapidement que moi:) On en a rigolé en disant que pour une fois, c’était justice…ressentir la frustration de ne pas jouir alors que l’autre s’en donne à cœur joie...pour une fois je comprenais les femmes et leur frustration quand on démarre avant vous ! Le fait est que la conscience qu'elle avait mis dans le fait de pénétrer soudain un homme avait effectivement modifié son rapport avec son corps. Elle pouvait se voir autrement que ce que lui avaient inscrit dans sa tête ses parents et les autres. Là aussi, le pegging a été un déclic pour elle. Étrangement, elle ne sentait pas plus "homme" mais davantage "femme", justement parce qu'elle avait eu un peu accès à la masculinité. Le gode-ceinture lui a permis de mieux se voir en tant que telle mais elle a aussi modifié son regard sur les hommes et de potentiellement mieux s'affirmer face à eux, parce qu'un rempart avait sauté entre eux et elle.

    Maintenant, je ne veux pas minorer la grave entorse déontologique que j'ai commise avec cette femme (*), d'autant qu'il y avait un intérêt personnel (dérive que je regrette fort). Je voulais juste à travers ce témoignage montrer que le pegging pouvait aider à prendre conscience de qui on est et à ne plus être ce qu'on n'est pas, tant pour l'homme que pour la femme.. 

     

    Chambélien

     

    (*): PS de Songe: En toute honnêteté, nous avons longuement hésité à publier ce billet pour cette raison. Nous vous invitons à prendre les distances si un professionnel vous proposait de telles avances...  

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    Quelques mots d'Yvresse:

    Je dois avouer quand Songe m'a parlé de ce billet, je ne savais pas quoi en penser. Cage de Chasteté, jeux de D/S. Je n'étais pas sûre que cela rentre dans le cadre du pegging amoureux. En fait, après lecture de ce qu'a fait Chambélien, je trouve que cela l'illustre plutôt assez bien. En fait, le concept de pegging amoureux est plus un état d'esprit qu'un catalogue de pratiques. Or, l'exemple de cette femme violée  pour qui l'homme accepte de porter une cage de chasteté par respect et amour, je trouve ça presque beau. En tout cas, oui, on peut vivre des choses très différentes et parfois extrêmes dans ce cadre de complicité et de tendresse.

    Je sais que certains hommes ont fait la remarque à Songe qu'ils allaient plus loin que ce que nous suggérons en matière de jeux autour de la D/s et qu'ils le voyaient aussi comme du pegging amoureux. Ils ont raison et, nous aussi, ils nous arrivent de déborder. Vous aurez compris que nous voulons surtout ne pas limiter le pegging à ces seules pratiques.

    En clair, vivre tout ce que vous voulez, du moment qu'il y ait écoute de chacun, respect et complicité. Donc, on peut effectivement mettre monsieur en cage à condition de profiter de l'oiseau, parce que une bite, c'est quand même, pour ma part, ce que j'ai trouvé de mieux pour me donner du plaisir... ^^  Et le but de la sexualité est à mon sens de recevoir et de donner du plaisir...

    Yvresse

     

    PS: nous vous rappelons que ce blog est ouvert à tous pour venir nous offrir vos témoignages. Cela peut se limiter à une expérience autour du pegging, à une anecdote, à des découvertes que vous souhaitez partager, des conseils... Nous sommes à votre écoute.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 15 Février 2019 à 23:22

    Merci Songe pour ta patience et ton accompagnement pour oser ecrire ici, même sous couvert d'anonymat, ça fait bizarre de se voir ainsi exposé  et en même temps une certaine.. fierté d'y  être arrivé (tu m'as bien aidé cela dit)!
    merci pour ton retour également Yvresse
    la cage... chacun son utilisation, allant de monsieur qui l'utilise pour soustraire son sexe à l'appétit de Madame ou Madame qui décide de montrer qu'il y a d'autres voies et d'autres zones érogènes que le sexe pour monsieu
    Chacun sa découverte, tant qu'il y a échange, conscience et respect non?

    2
    Caraillu
    Samedi 16 Février 2019 à 13:14
    Une belle lecture, merci pour ce partage. Pouvons nous savoir comment votre relation a-t-elle continué avec votre 'patiente'?
      • Dimanche 17 Février 2019 à 09:56

        Bonjour Caraillu Comme toute relation thérapeute/patient, elle s'est terminée par la capacité de cette femme à retrouver une autonomie émotionnelle, amoureuse, personnelle
        Il y a une bulle lors des séances, ce qui permet de ne pas mélanger travail et vie privée même si comme onl'a vu dans cet exemple, je me suis impliqué personnellement, ça reste "un travail" une découverte de soi pour chacun
        Il y a un début, un pendant, et surtout..une fin!
        Ca ferait trop cliché de tomber dans une relation patiente/thérapeute non?
        Les gens viennent me voir et me font confiance également par ce que justement il y a cette scission à un moment donné
        J'espère avoir répondu à la question sans trop vous décevoir

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    3
    Corolanus
    Mercredi 25 Septembre 2019 à 18:28
    Merci pour ce témoignage instructif. La deuxième dame a beaucoup de points communs avec ma conjointe. Je vois votre approche dans son cas et je pense à l'utiliser avec elle. Si jamais elle réagissait comme votre patiente, j'en serais très heureux.
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