Avant les vacances, Songe voulait trouver un thème original. Comme c’est lui qui a plutôt travaillé ces derniers temps, je me suis proposée… et c’est un peu in extremis que j’ai trouvé mon thème. J’espère qu’il intéressera les femmes (parce que je désespère toujours de voir l’une d’elle me faire un petit coucou !), mais qui ne devrait pas effrayer ces messieurs puisqu’on va parler de leur Phallus. Ou plus exactement du phallus que nous récupérons lors du pegging.

Nous donnons dans notre guide des conseils très pratico-pratiques pour les femmes et nous essayons aussi de les aider pour appréhender la dimension hautement psychologique du pegging (et également en les éclairant sur ce qui se passe dans la tête des hommes en la matière). Cette dernière dimension est d’autant plus importante qu’elle permet de faire converger les deux imaginaires de l’homme et de la femme et surtout de parfaire le rôle que l’homme ou la femme souhaite la voir incarner.

De plus, si on comprend bien les enjeux, il devient plus facile de bâtir des jeux érotiques autour du pegging. Dans cette logique, la compréhension des implications du fameux phallus me parait cruciale pour la femme. Or, pour elle, ce n’est pas forcément de la tarte, comme on a coutume de dire… En tout cas, c’est beaucoup moins évident que ne l’imaginent les hommes qui, eux, sont nés avec une bite entre les jambes ! On va essayer de voir pourquoi.

Partie 1 : La découverte d’un nouveau monde pour la femme 

1-  Le Phallus : Un concept pas toujours facile à cerner pour les femmes

Bon, on l’explique dans notre livre, mais il peut être utile de creuser la question à nouveau. Tout d’abord, le phallus n’est pas une bite, mais la représentation symbolique que l’on en fait avec notamment les attributions inconscientes qui viennent se greffer inconsciemment dessus. En clair, le phallus est donc plus qu’une simple bite, et on lui rattache la notion de virilité et se présente essentiellement sous la manifestation d’un pénis en érection. Et des Phallus, il n’en existe pas que dans les slips de ces messieurs. Un obélisque ? Un phallus ! Un piton rocheux ? Un phallus. Le pistil proéminent qui se dresse d’une fleur ? Un phallus. Dans compter les variations que l’on trouve dans les arts primitifs ou non…

Voici quelques exemples... avouez que c'est troublant (et parfois pas involontaire)

Or, sans le savoir, un gode ceinture est automatiquement un phallus, puisqu’il ne s’agit pas d’un vrai pénis de chair et qu’il est invariablement en mode « érection ». Ce qui est intéressant pour la femme, c’est qu’il n’y a pas de nécessité à ce que le gode soit réaliste : quelle que soit sa couleur du gode et de sa forme, il restera un phallus.

ça a beau être bleu... personne ne se trope sur ce que c'est: un phallus!

Et ces représentations phalliques flottent dans la tête des hommes et des femmes et donnent vie à tout un imaginaire étrange. Et qu’on le veuille ou non, une femme qui va porter un gode ceinture pour s’adonner au pegging avec un homme va y être confrontées.

2-  Les pouvoirs rattachés au phallus

On pourrait résumer la pratique du pegging au fait que la femme se dote d’un pénis artificiel pour pénétrer un homme. Or, dans les faits, elle gagne un authentique phallus, avec tous les pouvoirs secrets et mystérieux qu’on lui rattache. Et une femme les connait-elle vraiment ? Et est-elle vraiment prête à les assumer ?

Lorsque j’ai porté pour la première fois un gode-ceinture, comme je le raconte dans le livre, j’ai d’abord vu le côté rigolo de la chose. Ce n’est qu’en voyant le regard de Songe et en comprenant ses exigences implicites que j’ai pris conscience qu’il y avait des enjeux plus secrets et plus troublants.

Quand un homme nous autorise à prendre son cul, quelque part, il nous autorise à prendre sa place dans le couple. Formuler autrement, nous portons d’un seul coup la culotte. Et si c’est le cas, nous entrons dans un rôle de domination.

Est-ce à dire qu’avoir une bite en érection donne le pouvoir à l’homme sur le couple le reste du temps ? Bien sûr que non, vous me direz ! En êtes-vous si sûrs ? Que se dégage-t-il autour du concept de virilité dans la représentation de la société ? Un homme viril devient dans l’inconscient collectif une sorte de chef de meute, une sorte de surhomme. Or, je n’avais pour ma part aucunement idée que j’allais devenir un chef de meute avec mon gode en bas du ventre. Moi, je voulais juste aider mon chéri à découvrir une nouvelle forme de plaisir !

ça; c'est pour le côté rigolo...

On peut dire le sexe de l’homme, lorsqu’il est en érection, acquiert une dimension quasi sacrée. Cela s’explique par la relative fragilité du processus et parce que sa vigueur est parfois très relative. Or, pas de souci pour la femme question pegging, on bande quand on veut et systématiquement bien dur ! En clair, on fait mieux que ces messieurs… Et cette propriété anatomique « féminine » propulse assez facilement le pegging vers des dimensions très ludiques. Il est en effet très amusant pour nous de narguer ces messieurs ! Et pour tout vous dire, généralement, ils n’attendent que ça !

Il y a une autre dimension très importante dans l’inconscient collectif. Que l’on soit homme ou femme, on prête une sorte de fascination autour des grosses bites. Un homme doté d’un tel engin est très vite associé à un surhomme, à une sorte de vénération inconsciente. Or, en tant que femme, il est assez fréquent que l’on se trouve dotée pour l’occasion de pénis généreux. Là aussi, j’ai été très surprise de découvrir l’attitude de Songe face à moi. Les mensurations de mon phallus le place en état d’infériorité et, quelque part, en situation de soumission, comme s’il était prêt à vénérer cette femme « survirile » devant lui.

Songe: -Heu.. Yvresse, tu n’exagérerais pas un peu?

Yvresse: -Ben quoi, c'est toi qui voulais me voir avec un gros gode noir! (cf billet de la semaine dernière)

Bref, en se dotant d’un phallus, la femme acquiert implicitement l’autorité de l’homme dans le couple pour ces raisons. Si notre concept de pegging amoureux essaie de ne pas mettre outrageusement en avant la dimension D/S du pegging, force est de constater qu’on ne peut pas complètement l’exclure. C’est un fait que, quand je porte mon phallus en « érection », je rentre de plein pieds dans un monde qui n’est pas forcément celui de la femme dans la vie de tous les jours.

Yvresse

Partie 2 (à suivre) : Tout un imaginaire féminin à bâtir face à un imaginaire masculin souvent déjà fortement en place