Pourquoi est-il si difficile d’aborder son envie de pegging avec la personne qui partage notre vie ?

Cette question est vraiment très importante et, sans doute, a-t-elle été ressentie par nombre d’hommes et de femmes le jour où cette curieuse envie leur a trotté pour la première fois dans la tête. On pourrait croire que, parce qu’on connait bien la personne en face de nous, ladite question devient plus simple. Pas forcément.

D’abord, la pratique du pegging touche des points très sensibles de la psyché de chacun, des tabous ou des zones troubles de notre personnalité, nous ne reviendrons pas sur ce que dit déjà notre livre. Et ces choses sont autant dans la tête de celui ou celle qui le désire que dans celle de l’autre. Mais ce n’est peut-être pas ce qui est le plus difficile à affronter. Derrière cette peur, il y a la notion d’image et de sa gestion dans le temps à l’intérieur de son couple.

En effet, quand nous posons la question à l’autre, nous allons peut-être rompre l’image qu’il ou elle avait de nous et c’est quelque part effrayant. Il y a ce doute que la personne puisse dire « non » ou que nous ne soyons pas vraiment compris, et alors même qu’on sait qu’il ne sera pas possible de faire marche arrière ou d’effacer ce qui viendra d’être dit. C’est une sorte de boîte à Pandore qu’on ouvre sans savoir ce qui sortira de la tête de celui ou celle qui nous regarde. Il est d’ailleurs fort possible que ce regard change et que ce soit aussi ce qui nous fasse peur aussi parce que nous n'avons pas envie que tout bascule non plus.

Seulement, nous ne voyons ici qu’une seule dimension du problème. La personne qui a entendu cette question sera confrontée au même dilemme.  Qu’allons-nous penser à notre tour d’elle en fonction de sa réponse ? Il est possible qu’elle n’ait pas envie de devenir cette personne qu’on lui demande d’être ou qu’elle ait elle-même peur de ce que cela impliquerait dans le couple.

Et si jamais elle avait envie de dire « oui », sans même qu’on le veuille forcément, on lui demande de devenir une personne certainement un peu différente de ce qu’elle est quotidiennement et qu’elle n’est pas prête d’assumer totalement. Si c’est un homme, il se peut qu’il ait des doutes sur sa place dans le couple après. Si c’est une femme, elle n’a peut-être pas envie de se montrer ainsi, parce qu’elle craint que ce soit une étape vers autre chose qu’elle ne maitrisera plus par la suite.

Mais dans ce « oui », il peut également se cacher un « non » tout simplement parce que l’autre se sent piégé, voire agressé. L’homme ou la femme à qui on fait la demande peut à son tour se poser la question des conséquences de son refus. Sans le savoir, on les rend responsables du fait qu’on puisse vivre ou non un tel fantasme. Ont-ils le droit de nous en priver ? Se peut-il qu’on cherche ailleurs pour le vivre ? 

Bref, cette demande est loin d’être anodine. Nous expliquons dans notre livre différentes approches pour y parvenir, mais il est important que chacun comprenne les enjeux explicites ou cachés que le pegging implique. Et ceux-ci touchent l’intimité de l’être, l’image du couple et l’image de l’autre d’une manière que celui ou celle qui le désire n’a souvent pas suffisamment conscience du fait de la dimension hautement fantasmatique de sa requête. Nous espérons que cet article vous permettra d’y réfléchir avant et de mieux prendre conscience de ce que vous demandez ou de ce qu’on vous demande.

Toujours est-il que si ces propos vous ont parlé, nous serons ravis de découvrir votre témoignage.